Collection
"NUAGE ROUGE"
Crée en 1991 par Olivier Delavault
www.nuagerouge.com

IAN FRAZIER

LA RESERVE

On the Rez
 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Karin Bodson.

 Le War Lance est un Sioux oglala qui habite la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. A 58 ans l’an dernier, il était encore de ce monde. Visiteur français qui traversez Pine Ridge, vous pouvez éprouver l’envie, obligeant que vous êtes, de vous arrêter à dessein d’embarquer cet Indien qui fait signe, là, sur le bord de la route – comme souvent les Indiens dans les réserves. Un conseil : passez votre chemin. Vous risqueriez de tomber sur Le War Lance, qui n’est pas un cadeau. Supposons encore que, toujours dans Pine Ridge, vous ayez un ennui – une panne d’essence, par exemple ou un pneu crevé, incident fréquent dans la réserve – là aussi je ne vous conseille pas d’inviter cette voiture, qui surgit, à s’arrêter pour vous prendre et gagner un proche garage. Vous risqueriez, avec un conducteur indien, peut-être Le War Lance, qui compte onze accidents, de ne jamais arriver – sauf à l’hôpital, ou à la morgue.  (Extrait de la préface).

Comment vivent les Sioux aujourd’hui ? Pour le savoir, rien de tel que de lire cet ouvrage de 1998. L’auteur y décrit ses nombreux et intenses séjours sur la réserve qui a la réputation la plus dure de toute l’Amérique indienne, celle où la misère et le désespoir ont trouvé leur refuge et demeurent les plus tenaces.

Pine Ridge, située dans le Dakota du Sud a "abrité", disons enfermé, dès la fin des années 1870 – comme beaucoup d’autres – les Sioux oglalas, la tribu qui donna des personnalités comme les chefs Red Cloud et Crazy Horse, les hommes-médecines comme Black Elk et Fools Crow. Partant de l’histoire des Indiens avec des exemples précis, Frazier compare des éléments de cette histoire avec leur résultante sur les Sioux contemporains et les comportements généraux qui en découlent. Il démontre comment les Indiens s’y prennent pour, en quelque sorte, refuser le programme d’intégration établi par le monde américain et nous fait comprendre que ce programme est aussi le nôtre, que la terre est devenue désormais un village global.

A travers l’histoire indienne d’hier comme d’aujourd’hui, nous prenons conscience de ce fait inquiétant, et Frazier de bien clarifier le message.

C’est alors une bonne chose que ce dernier s’adresse à nous comme les Sioux lui causent : c’est-à-dire, de la manière la plus simple, la plus naturelle, la plus normale ! Il ne se prend pas pour un Indien et, les admirant, nous fait appréhender leurs plus gros défauts. Il ne les met pas sur un piedestal de " fanatique-défenseur-d’Indien ", Frazier sait éviter les écueils. Il écrit la musique de leur tradition orale, le meilleur moyen de transmettre ce dont il est convaincu : les Sioux qu’il côtoie, qui sont ses amis, comme Leh War Lance, qu’il rencontre à New York avant de le retrouver à Pine Ridge, et beaucoup d’autres, savent qui ils sont et pour lui, c’est cela être Indien, rien que cela, savoir qui on est donc savoir d’où l’on vient et où l’on va. On ne s’étonnera point de l’enthousiasme de grands écrivains indiens comme N. Scott Momaday et James Welch à l’endroit de ce livre qui, pour eux, voit juste, touche là où il faut et constitue une bonne " cure de décrassage d’idées reçues" pour tous ceux que les Indiens intéressent.

Olivier Delavault

Né en 1951 à Cleveland en Ohio, Ian Frazier est d’une génération d’auteurs américains fortement influencée par les transformations des années 60 et 70. Le mouvement hippie, la guerre du Viêt-Nam, les grands courants musicaux et la culture underground façonnent pour une grande part sa réflexion et sa vision du monde dans lequel il vit.

De cette culture, il en tirera un intérêt évident pour l’histoire des Indiens et de leur mode de vie d’hier comme d’aujourd’hui.

Ian Frazier vit à Montclair dans le New Jersey et se rend très régulièrement à Missoula dans le Montana, ville mythique des écrivains comme James Welch, James Crumley ou encore Jim Harrison, où il continue d’œuvrer, ainsi que sur les réserves indiennes des Grandes Plaines.

Il entre en 1974 comme " rewriter " au New-Yorker où jusqu’en 1995 il sera journaliste. En 1973 et 1977 il sera deux fois Lauréat de l’université d’Harvard.

Essayiste et romancier, il écrit de nombreux livres dont un essai biographique en 1983 sur A. Ponce Cruse Evans personnalité du syndicat des journalistes, 1986 voit la publication d’un texte d’humour " Dating your Mom ". " Nobody better, better than nobody " (1987), en 1989, Frazier publie l’ouvrage qui le révèle, le livre majeur " Great Plains ", " The Went : the Art and Craft of Travel writing " (1991). " Family " (1994). A nouveau de l’humour en 1996 avec " Coyote Acme ".  Ses livres d’humour sont reconnus et gratifiés du Thurber Prize for American Humor. " The best American Essays " (1997).

" On the Rez " (1999).



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