Collection
"NUAGE ROUGE"
Crée en 1991 par Olivier Delavault
www.nuagerouge.com

RON QUERRY

LE DERNIER POW WOW

The Death of Bernadette Left Hand

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Danièle LARUELLE

Littérature indienne contemporaine

Sans nul doute l’un des romans les plus importants issus du monde indien de l’hémisphère nord américain depuis ces dix dernières années. Il a pour lui deux aspects de cette importance : le lieu, l’époque, les tribus concernés et le personnage principal : le langage.

Bernadette Left hand est une belle jeune femme apache jicarilla. Très connue sur les réserves du Sud-Ouest des Etats-Unis, elle est considérée comme une star, un phénomène des pow wows. Au moment où l’auteur nous la présente, la mère de Bernadette est morte depuis plusieurs années dans un hôpital des Blancs. Elle vit dans la réserve jicarilla, au nord-est du Nouveau-Mexique, avec son père et sa sœur cadette, Gracie. Bernadette a un compagnon, un navajo qui, tout comme elle, s’est fait un nom, mais dans le rodéo. Ils participent très souvent ensemble à des manifestations indiennes où se retrouvent des représentants de plusieurs tribus. Son compagnon a un frère. Ce sont les frères George, ils sont comme inséparables ; ce qui n’est pas sans faire penser au mythe gémélaire des Navajos.

Un jour, dans la cuisine, Gracie apprend que sa sœur a été retrouvée morte. C’est comme çà que commence le livre et d’emblée, le personnage principal, le style, le langage oral, le verniculaire de la réserve.

Grâce à ce langage, l’auteur nous permet d’entrer dans un monde qui nous est généralement clos, voire hermétique. Moelle épinière, fil directeur, matière première, ce langage nous est restitué à l’état brut et par là, l’ouvrage est plus qu’une peinture sociale classique à travers un roman dans lequel nous est restituée la vie quotidienne d’une peuplade définie. Par une somptueuse simplicité – et il n’y a pas ici de contradiction – nous entrons de plain-pied dans ce fameux monde indien et nous pouvons percevoir ce qu’il y a de plus authentique, à tous les niveaux, dans tous les recoins.

Dans le récit, il y a trois voix. Gracie, la principale, Starr Stubbs et une sorte de narrateur (écrit en italiques dans le roman), qui raconte d’un point de vue totalement neutre, donne des faits, des éléments que les deux autres ignorent. Starr Stubbs est une jeune femme, ex-mannequin mariée à un chanteur de Country music sur le retour. Le couple est venu s’installer à Dulce, Nouveau-Mexique, près de la réserve jicarilla. Après avoir embauché Bernadette comme femme d’intérieur, Starr se prend de passion pour l’histoire indienne et se met à dévorer quantité de livres très solides. Cependant, lorsqu’elle s’exprime, Querry nous fait comprendre que, malgré tous les bons ouvrages qu’elle a ingurgités, à un certain seuil, ses connaissances livresque la laissent démunie devant une réalité indienne qu’elle n’arrive pas totalement à appréhender car celle-ci, vivante aujourd’hui est la même qu’hier. L’âme indienne, l’auteur en fait habilement la démonstration, ne se dévoile pas par l’érudition, même de haut niveau, il y a le savoir mais la Connaissance, c’est autre chose.

Le thème de croyance abordé dans le livre est basé sur celui de la Voie navajo de la Malfaisance, cause de la disparition de la jeune fille apache qui trouve son origine dans l’alcool et la jalousie qui couvre à la fois la réussite socio-artistique de Bernadette et le désir charnel éprouvé pour elle par cette troisième voie littéraire en italique. Ce troisième larron qui vient semer la discorde au sein de l’harmonie formée à la fois par la gémélité des frères George et le couple de Bernadette.

On verra que le texte est très subtilement émaillé de petites phrases – de la bouche de Gracie – qui l’air de rien recèlent des données d’ethno-histoire qui se fondent, tel un caméléon dans un paysage. Ceci ne gêne en rien une haletante et attachante lecture.

Olivier Delavault
 

Extraits de la presse américaine traduits par Danièle Laruelle.

" Voici un livre écrit par un conteur. On se surprendrait presque à le lire à voix haute pour mieux l’entendre…1 Le roman explore les contradictions entre les cultures blanches et indiennes et, d’autre part, le plus odieux des crimes navajos – la sorcellerie. Riche de voix sérieuses et de vérités mythiques, Le Dernier pow wow est une fiction qui évoque des évènements et des modes de vie ancrés dans le réel.

1. C’est exactement ce que me racontait la traductrice, Danièle Laruelle. Lorsqu’elle prenait son scooter entre deux séances de traduction du présent roman, à défaut de lire à haute voix, elle entendait Gracie lui causer à voix haute, toute une oralité très claire. Danièle Laruelle habite en Bretagne, ça aide…

Mike Stauffer, Tempo.

" Bernadette a été tuée, mais c’était pas un accident de voiture… Situé dans les réserves navajos et jicarilla, le roman explore les effets de la pauvreté, de l’alcoolisme et de la sorcellerie sur les diverses communautés. Gracie la jeune sœur de Bernadette, et Starr Stubbs, la femme blanche qui l’employait comme domestique, racontent la majorité de l’histoire. Le récit passe d’un point de vue narratif à l’autre, soulignant astucieusement les différences culturelles et les attitudes divergentes de l’Indienne et de la Blanche ".

Joanne Snapp, Library Journal.

" Le cadre du roman n’est ni idéalisé, ni simpliste, et les évènements qui conduisent à la mort de Bernadette sont harmonieusement complémentaires. Les effets corrosifs de l’alcool et la croyance tenace au pouvoir de la sorcellerie fonctionnent ensemble sur le plan métaphorique ; un esprit maléfique nourrisant l’autre offre un commentaire douloureux sur le fossé d’incompréhension infranchissable qui sépare les cultures. Plus à l’aise que les autres dans son identité indienne, le personnage de Bernadette est celui qui ne peut survivre. "

Antonya Nelson, New York Time.
 
 

" Les amateurs d’étiquettes et de classifications littéraires peuvent prendre des vacances… L’originalité de ce roman tient en partie au mélange des cultures et des coutumes tribales. Les personnages, qui sont souvent très drôles, parlent ouvertement des différences conflictuelles entre tribus… Gracie fait un bon narrateur ; observatrice, elle regarde chacun attentivement mais reste légèrement en retrait, et elle est si jeune qu’on entend l’étonnement dans sa voix ".

Susan Straight, Hungry Mind Review.
 
 

" C’est de la fiction mais tout est vrai, déclare l’auteur… Querry nous entraîne dans les profondeurs d’une analyse complexe sur la nature du mal telle qu’elle apparaît à travers les croyances navajos… Ce récit a toute la fraîcheur d’un premier roman sans en avoir les maladresses. Délicieusement noir, le livre fourmille de personnages flamboyants du Nouveau-Mexique. Remarquablement portraiturée, Gracie, seize ans, narrateur principal et sœur de Bernadette est, de l’avis de Querry, un instrument utile : Une jeune Jicarilla hors de la tradition pouvait parler de ces choses comme je le ferais moi-même. Et l’imagination puissante qui lui a permis de pénétrer le cérémonial navajo lui permet aussi de créer des personnages féminins parfaitement crédibles qui s’expriment avec nature dans une langue familière. "

Sharon Friedman, Santa Fé Reporter.
 
 

" Autour de la mort d’une jeune femme indienne, Ron Querry a écrit un récit prenant à travers lequel s’expriment aussi les relation intertribales et les visions du monde opposées qu’ont les sociétés indiennes et anglo-saxonnes d’Amérique. Le Dernier pow wow, son premier roman, mêle l’énigme, l’intrigue amoureuse et la sorcellerie sur le triste fond de la vie quotidienne des Indiens d’aujourd’hui… Le livre tire sa puissance tragique du choix narratif. Gracie se partage le récit avec Starr, ancien mannequin à New York… Les deux voix forment un contrepoint : l’ingénuité de Gracie s’oppose à la dureté citadine de Starr cependant qu’une troisième voix plus profonde et omnisciente nous révèle tout ce qu’il nous faut savoir… Querry apporte à ce livre une authenticité et une complexité qui élèvent la tragédie à un niveau shakespearien.

Nancy Goggeshaul, The Bloomsbury Review.
 
 

Descendant du clan Sixtown de la tribu choctaw, Oklahoneli, Ron Querry est l’auteur de trois ouvrages. Il appartient au Cercle des auteurs indigènes des Amériques et est titulaire d’un doctorat en études américaines de l’université du Nouveau-Mexique. Querry a travaillé aussi comme cow boy, professeur d’université, entraîneur de chevaux, assistant du responsable de l’éducation au pénitencier du Nouveau-Mexique.


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