LA NATION APACHE DANS
« NUAGE ROUGE »

Texte et présentation par Olivier Delavault.

Les principaux livres consacrés aux Apaches sont publiés dans cette collection. Biographies, romans initiatiques et historiques, mythologie et religion.

LES DEUX GRANDES BIOGRAPHIES.

- EDWIN R. SWEENEY. COCHISE CHEF DES CHIRICAHUAS. Cochise Chiricahua Apache Chief. Editions du Rocher. Collection ''Nuage rouge''. 1994. 592 pages. 22x14. Broché. Traduit par Odile Ricklin. Carte des réserves indiennes en début de volume. Arbre des tribus apaches en début de volume. Remerciements. Introduction de l'auteur. 20 photographies hors texte en noir et blanc. Une reproduction de peinture en noir et blanc hors texte. 3 cartes. Notes. Index. 156 F .

La biographie de Cochise. Ce livre publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1991 est un véritable évènement : il n'y avait jamais eu de biographie sur Cochise avant. D'ores et déjà, il fait figure de classique. Les Apaches en ce XIXè siècle ont compté plusieurs grands chefs mais aucun d'eux n'égala Cochise par le souvenir qu'il a laissé dans l'histoire et l'influence hors du commun qu'il a eue sur les évènements. La légende dit - mais en fait ça n'est pas une légende - que lors de la période de conflit avec ses bandes, aucun homme blanc ne pu voir Cochise sans payer de sa vie cette audace. La réponse chez les Blancs, deux ans après la mort du chef en 1876, dans l'Arizona Citizen, mais un Chiricahua reste un Chiricahua… : La guerre contre les Apaches chiricahuas doit être une guerre implacable, inexorable et systématique. Il faut massacrer les hommes, les femmes et les enfants jusqu'à ce qu'émane de chaque vallée et de chaque montagne l'encens délicieux des corps des Chiricahuas en train de pourrir.

Extraits de la préface : «… Comptant parmi les plus grands leaders des Indiens d'Amérique, il fut un homme des plus redoutés en même temps qu'admirés à bien des titres et qui marqua de son empreinte, pendant plusieurs décennies les relations entre Blancs et Indiens dans les territoires encore peu sûrs de la Frontière. Stratège émérite, qui acquit sa renommée dans et par la guerre, il mourut en paix après avoir été au centre des événements agités du sud-ouest américain ; son peuple ayant été à maintes reprises en lutte contre les forces armées, parfois coalisées, de deux puissantes nations. On peut dès lors s'étonner que, plus d'un siècle après sa mort, aucune étude sérieuse et approfondie n'ait encore été publiée sur sa vie, sa personnalité et l'influence qu'il exerça sur son époque. Cochise était un personnage complexe, captivant, doté d'une intelligence aiguë, d'un physique impressionnant et de qualités sortant de l'ordinaire. C'était un orateur de talent selon le style et les critères propres à son peuple, un homme de caractère et d'honneur qu'il mesurait d'après ses normes à lui, celles d'une société tribale, différentes des valeurs de notre civilisation industrielle. Ses aptitudes exceptionnelles, développées à un point extrême, lui permettaient de discuter d'égal à égal avec les généraux et les gouverneurs comme avec l'homme de la rue. la plupart des Blancs qui le connurent en période de paix ou de trêve semblèrent au moins aussi impressionnés par sa dignité tranquille, la souplesse de son intelligence et son esprit acéré que par son autorité et l'emprise qu'il exerçait sur les autres Indiens - phénomène en soi presque unique dans la culture et la tradition des Apaches (mais aussi dans celles des autres nations indiennes ; il faut remonter au chef Shawnee Tecumseh pour retrouver un tel phénomène dans l'Amérique indienne du Nord). Depuis un siècle, les informations concernant la personne et les actions de Cochise, ainsi que l'époque à laquelle il vécut, ont été tellement déformées et embellies par le mythe et la légende qu'elles n'ont parfois qu'un lointain rapport avec la réalité… » « …Il y eut, on s'en doute, d'autres grands chef apaches parmi les contemporains de Cochise. Son beau-père Mangas Coloradas, qui fut le leader des apparentés chiricahuas de l'Est, les Mimbrenos pendant près de vingt ans, jusqu'à son exécution par les soldats en 1863, se montra sans doute plus habile à conclure des alliances politiques. Victorio fut certainement un meilleur tactitien de la guérilla, de même que son lieutenant Nana, et le génie militaire de Juh apache nedni resta inégalé pendant longtemps. Pourtant, tous ces chefs s'allièrent à Cochise à un moment ou à un autre, et, bien que n'appartenant pas à la même bande - les Chokonens - que lui, combattirent de bon gré sous ses ordres ou à ses côtés. Tous admirèrent et respectèrent son art du commandement, la haine farouche, sans compromis, qu'il vouait à ses ennemis, et par-dessus tout son courage dans les combats et la sagesse qui l'inspirait dans les conseils ».

Pendant douze ans, de son nid d'aigle des Dragoon Mountains, Cochise dirigea les opérations avec brio ; aucune troupe ne put alors vaincre les Chiricahuas en combat régulier. Les Apaches, comme beaucoup d'autres tribus, furent plus vaincus par les maladies, les commerçants, les trafiquants et les trahisons multiples que militairement. Ce n'est que par une volonté de négociation du président Ulysses Grant que Cochise cessa les combats en 1872. Une biographie très riche, forte de détails pointilleux ; des informations absolument inédites. La suite de l'histoire de la famille de Cochise est comptée dans le livre de A. Kinney Griffith qui s'entretint avec le petit fils de Cochise, fils de Taza Les Cent premières années de Nino Cochise, Le Seuil.

- ANGIE DEBO. GERONIMO L'APACHE.Geronimo, the Man, this Time, this Place. Editions du Rocher. Collection ''Nuage rouge''. 1994. 458 pages. 24x15. Broché. Traduit par Philippe Gaillard. Préface de l'auteur. Carte des réserves indiennes et arbre des tribus apaches en début de volume. 21 photographies hors texte en noir et blanc. 2 cartes. Epilogue. Notes. Index. 139 F .

La biographie de Géronimo. Le statut de Géronimo n'était pas celui d'un chef traditionnel. De sa naissance à sa mort en 1909, pour la première fois en langue française voici la vraie biographie de ce célèbre personnage. L'homme, un Apache Chiricahua-Bedonkoke, devint un rebelle le jour où sa famille fut massacrée par des rurales mexicains. Le trauma qu'il subit en fit un guerrier hors du commun restant sourd à toutes recommandations, ordres des chefs ainsi de Mangas Coloradas, Apache mimbreno et Cochise, Chiricahua-Chokonen. De son premier nom Celui-qui-baille (Gokliya) Géronimo fut totalement incontrôlable jusqu'à sa reddition définitive au général Nelson E. Miles en 1886. Cependant, par la suite jusqu'au dernier jour, il demeura rebelle dans l'âme, même en fermier en Oklahoma. Depuis sa capture, Géronimo fit l'objet d'une surveillance étroite, aussi dispose-t'on ici d'une mine d'archives qui révèlent une personnalité complexe. Le vieux rebelle ne cessa de surprendre son entourage : on le voit tour à tour homme d'affaires avisés, showman, excellent fermier ; il est fasciné par la technique, par la découverte d'autres races, d'autres continents ; il se remarie plusieurs fois, se convertit au catholicisme à maintes reprises pour se renier aussitôt... Dernière facétie de celui qui fut en 1886 le dernier indien rebelle à cheval à travers les Etats-Unis, il parade en 1905 en tête du cortère triomphal organisé pour l'élection du président Théodore Roosevelt... On pourra lire aussi les Mémoires de Géronimo recueillies par S.M. Barret, mémoires dans lesquelles Géronimo s'amusent, abuse souvent de la crédulité du journaliste, publiées chez Maspéro puis à La Découverte collection « Voix ».

HISTOIRE - DONALD C. COLE. LES APACHES CHIRICAHUAS : DE LA GUERRE A LA RESERVE(1846-1876). TheChiricahua Apache 1846-1876. From War to Reservation. Editions du Rocher. Collection ''Nuage rouge''. 1993. 236 pages. 23x14. Broché. Adapté de l'américain par Karine Bodson avec la collaboration de Frédéric Bodson. Traduit avec le concours du Centre National des Lettres. Note liminaire d'Olivier Delavault. Photographies en noir et blanc. Cartes. Une carte des réserves aux Etats-Unis en début de volume. Arbre des tribus apaches en début de volume. Cartes. Notes. Index. 139 F .

Pour la première fois en France, un livre d'histoire et d'us et coutumes sur une tribu apache précise : les Chiricahuas. La plus puissante, la plus connue, la plus redoutée, la plus représentative et, qui plus est, ouvrage écrit par un Apache chiricahua lui-même. Un des seuls livre sur ces Indiens qui relate autant leurs origines, leur genèse et leur cosmogonie, leurs traditions, leur économie et enfin l'histoire. Lorsque l'Arizona Citizen écrit l'article fumeux, reproduit plus haut dans la biographie de Cochise, le paradoxe crève les yeux : plus de cent ans après, un livre est consacré à ces « Indiens » dont tout citoyen américain souhaitait l'extermination et ce livre, qui plus est, est l'oeuvre d'un Apache chiricahua. L'ouvrage est d'autant plus remarquable qu'il est le fruit d'une thèse de doctorat (publié aux Presses de l'Université du Nouveau-Mexique) et que, de nos jours encore, peu d'Indiens accèdent à l'enseignement supérieur. D.C. Cole, nous offre une synthèse détaillée de l'histoire, de la mythologie, de la religion et des structures sociales des Chiricahuas. Il nous conte la genèse du Peuple-du-Soleil-Levant, les Chokonens ou « Vrais Chiricahuas » : de la cosmogonie aux migrations et à l'histoire moderne qui commencent dès le XIIème siècle, lorsque les premières bandes athapasques arrivèrent dans le Sud-Ouest des futurs Etats-Unis, dérangeant ainsi les paisibles cultivateurs sédentaires du désert les Hopis, les Zunis et autres Pueblos. La grande originalité de cet étude réside dans sa démarche purement indienne finalement et qui reflète fidèlement l'esprit apache : une approche globale qui tend à montrer l'interdépendance de la tradition avec la cosmogonie, la mythologie qui façonnent les structures sociales et économique, en somme la philosophie, la vision du monde des Chiricahuas. Comment par exemple, les raids participaient au statut social des familles et de l'organisation de certains rites. Les raids, la guerre étaient certes un art, mais surtout une nécessité économique et, pour les hommes, le moyen de s'affirmer et de se marier. En dépendaient l'équilibre harmonieux des tribus et leurs intérêts vitaux. En voulant y mettre un terme, c'est à leur conception même de l'univers que s'attaquèrent les Blancs. La réaction fut brutale et coûta très cher en vies humaines et en dollars aux Etats-Unis, mais rien à côté de ce que subirent les Apaches…Les Américains ne pardonnèrent pas cet affront et leur ressentiment fut à la hauteur de la légendaire résistance chiricahua. Ils réprimèrent sauvagement un peuple qui n'eut que le tort de défendre sa terre et ses coutumes. Que reste-t'il des traditions aujourd'hui ? A de nombreuses reprises, l'auteur évoque au passé les cérémonies. Elles ont en effet disparu, pour la plupart, en raison des bouleversements successifs qui ont affecté la société chiricahua. En outre, les Indiens sont souvent beaucoup plus pragmatiques et réalistes qu'on ne peut le supposer, et ils estiment qu'étant donné leur nouveau mode de vie, ces rites - sans pour autant les renier ou les oublier - ne leur sont plus d'aucune utilité. En revanche, la cérémonie de la puberté pour les jeunes filles, le na-hi-es et certains rituels de guérison sont toujours pratiqués et connaissent même un important renouveau sur les réserves apaches de San Carlos ou de White River en Arizona ou encore sur celle des Mescaleros au Nouveau-Mexique. Bien entendu, ces cérémonies ne reposent plus sur les mêmes bases économiques qu'autrefois, comme par exemple les fructueux raids sur le Mexique. La société chiricahua était basée sur une économie de chasse, de raids et de guerre, pour des raison vitales mais aussi sociologiques, telles le statut des familles, le prestige des hommes, l'organisation de cérémonies coûteuses comme celle de la puberté. De par ses principes, une telle communauté se trouvait menacée, l'Amérique du XIXè - comme celle d'aujourd'hui d'ailleurs - ne pouvant les comprendre ni les tolérer. L'auteur a reçu en héritage l'histoire de son peuple, les Chokonens ou « Vrais Chiricahuas ». Son travail n'est pas seulement un travail d'historien. Il se nourrit de traditions orales et de nombreux entretiens avec les Indiens. Cet ouvrage nous offre enfin la possibilité d'appréhender l'histoire d'une tribu indienne du point de vue non seulement indien mais aussi par l'un de ses membres. Ce qui est très rare. (Un des rares livres répondant à ce critère est la biographie de « Joseph chef des Nez Percés » écrit par Helene Addison Howard indienne sahapatian, famille linguistique à laquelle appartiennent les Nez Percés de l'Orégon).

MYTHES ET MYTHOLOGIE. TRADITION ORALE. - MORRIS EDWARD OPLER. MYTHES ET CONTES DES APACHES CHIRICAHUAS.Myths and Tales of the Chiricahua Apache Indians. Editions du Rocher. Collection ''Nuage rouge''. 1998. 250 pages. 22x14. Broché. Traduit par Philippe Sabathé. Une carte des réserves indiennes en début de volume. Introduction à l'édition américaine par Scott Rushforth. Préface de l'auteur. Notes, en fin de volume (17 pages) comparatives sur la mythologie des Apaches chiricahuas par David French. Annotations de Claude Dordis en bas de page. 145 F .

Enfin, le Opler dont déjà parlait Elliott Arnold dans préface de ''La Flèche brisée en 1942. ''Nous avons affaire ici à une littérature vivante'' écrit Opler. Ses travaux sont, aujourd'hui encore sans égale sur la mythologie chiricahua. Ce recueil exhaustif des mythes résulte de recherches sur le terrain effectuée entre 1931 et 1935 - soit seulement dix-huit années après que les Chiricahuas eurent pu retrouver leur terre natale. Ces récits issus de la traditions orales, vont de la destruction de la terre par les eaux aux descriptions des rites de puberté, aux récits des exploits des héros fondateurs comme Femme-Coquillage-Blanc, Tueur-d'Ennemis et Enfant-de-l'Eau. Si ces histoires se passent à une époque mythologique lointaine, elles ont pour toujours façonné les sociétés apaches. Elles vont de Coyote, animal ambigu capable de bienfaits, de farce mais aussi d'introduire la mort dans le monde, la destruction, aux Gan (Crown Dancers) Esprits de la Montagne, plus hautes entités spirituelles de l'héritage sacré des Apaches. On aurait pu appeler ce livre « Le Livre des Apaches chiricahuas » au même titre que le Frank Waters pour « Le Livre du Hopi » et le Paul G. Zolbrod « Le Livre des Indiens navajos, Diné-Bahané ».

- LOU CUEVAS. LEGENDES APACHES, WHITE MOUNTAINS ET JICARILLAS. Apache Legends, Songs of the Wind Dancer. Editions du Rocher. Collection ''Nuage rouge''. 1997. 184 pages. 22x14. Broché. Traduit par Sandrine Van Cleeve. Peinture de couverture de Claude Dordis. Une carte des réserves indiennes en début de volume. Introduction de l'auteur. Dessins au trait de l'auteur à chaque tête de chapître. 120 F .

Ces légendes apaches sont des histoires qui à l'origine étaient chantées par le grand-père de l'auteur. Elles ont pour thème principal tout ce qui se rattache à la création du monde chez les White Mountains et les Jicarillas, tribus apaches de l'Arizona et du nord-est du Nouveau-Mexique. Façonnant leur vision du monde les histoires rapportées dans ce recueil expliquent comment les animaux se sont manifestés pour la première fois sous la forme d'esprits tutélaires puis sous la forme physique, et comment leur raison et leur façon d'être a influé sur l'organisation sociale et religieuse de ces tribus. Si les récits sont souvent racontés avec humour et détachement, ce n'est qu'un « vernis » d'oralité. Ils enseignent en fait une certaine forme de morale aux enfants, qui depuis longtemps et encore de nos jours, constituent les valeurs white mountains et jicarillas traditionnelles.

- VOIX DES APACHES. Editions du Rocher. Collection ''Nuage rouge''. 1996. 50 pages. 19x12. Relié. Textes recueillis et traduits par Claude Dordis. Photographies en noir et blanc et en sépia. 59 F .

Réputés pour avoir, dès la fin du XVIè siècle, farouchement combattu les Espagnols puis les Anglo-Saxons, les Apaches n'ont pratiquement jamais été battus militairement. Ce furent des éclaireurs chiricahuas qui parvinrent à débusquer Géronimo et non les Américains. En cette fin de XXè siècle, les voici qui nous parlent, sereins, par la voix de leur presse locale, de leur culture, de leur spiritualité et des espoirs qu'ils fondent pour le futur. L'environnement, l'éducation et le maintien de leurs traditions sont aujourd'hui au faîte de leurs préoccupations, ainsi devrait-il en être de toute société humaine soucieuse de son avenir.

ROMANS INITIATIQUES ET HISTORIQUES

- ELLIOTT ARNOLD. LA FLECHE BRISEE.Blood Brothers. Editions du Rocher. Collection ''Nuage rouge''. 1992. 494 pages. 22x14. Broché. Traduit par Jean Muray. Préface d'Olivier Delavault. Avant-Propos de l'auteur. 135 F .

Le livre de « La Terre spirituelle de Cochise ». Un des romans historique le plus important et le plus crédible sur la nation apache. Ecrit d'après des documents historiques et biographiques fruit de longues recherches, l'auteur s'est particulièrement attaché à mettre en relief la belle figure de Cochise le Chef des Apaches Chiricahuas-Choko-nen. Nombreux et précieux renseignements chronologiques et ethnologiques. Ce livre constitue une pierre, un repère pour ce qui est de l'histoire des Apaches. En effet, à travers le Chef Cochise, chef héréditaire chiricahua, c'est la nation apache toute entière qui ici nous mîmes son exceptionnelle tragédie. Les détails historiques revêtent dans ce texte une importance capitale. Rarement un texte sur les Indiens d'Amérique du Nord a atteint ce sommet d'intensité et de désespoir même si ici - mais c'est l'époque d'écriture du roman - la personnalité de Cochise est excessivement anoblie. Les grandes oeuvres se reconnaissent à la multiplicité des lectures et des adaptations qu'elles suscitent. Pour ce chef d'oeuvre, trois films, trois western dignes de ce nom n'auront pas suffi à couvrir le récit d'Arnold dans sa totalité et à épuiser la richesse du texte. Le film de Delmer Daves, La Flèche brisée (Broken Arrow) en 1950 avec James Stewart, Jeff Chandler et Debra Paget bouleversa tous les préjugés quant à l'image conventionnelle de l'Indien. Ce mouvement de réhabilitation des Indiens avait déjà été amorcé, deux ans plus tôt en 1948, par John Ford, avec le Massacre de Fort Apache film dans lequel un dialogue entre Cochise et un officier têtu et borné (Henry Fonda) constitue le véritable témoignage vivant d'une incroyable et efficace réhabilitation ; dans ce western, symboliquement Cochise est dans sa victoire finale ce que Sitting Bull fut à Little Big Horn en juin 1876, transposition… Les deux autres westerns, Au mépris des lois de George Sherman (Battle at the Apache Pass) 1952 et Taza fils de Cochise de Douglas Sirk (Taza Son of Cochise) en 1954 racontent deux parties, deux époques différentes du roman d'Elliott Arnold. Bien que complémentaires, ces trois western ne restituent pas l'intégralité du récit. Même si Daves, Sherman et Sirk nous offrent trois grands moments de cinéma, ils restent très en deçà de l'intensité dramatique et psychologique du livre, de cette grande fresque qui foisonne d'informations ethno-historiques. Le début des années 60 devait marquer un retour de ce texte mythique avec la diffusion, par la R.T.F. du feuilleton La Flèche brisée avec John Lupton et Michael Ansara. Cette série fit fureur sur le petit écran et la légende de Cochise s'en trouva renforcée. Cet Autant en emporte le vent des Apaches reste d'une étonnante modernité et demeure le grand testament des Chiricahuas qui incarne le destin tragique de Cochise et des siens. « On pourra lire sa biographie par Edwin R. Sweeney dans la même collection et la suite dans Les Cent premières années de Nino Cochise un document au Seuil dans lequel le petit-fils du chef raconte toute son histoire à A. Kinney Griffith. Pour ce qui est d'Elliott Arnold Les éditions Phébus ont récemment publié un des chefs d'oeuvre de ce grand écrivain méconnu : Le Temps des Gringos passionnante et authentique peinture sociale et historique des provinces mexicaines qui appartiendront bientôt aux Etats-Unis.

- FORREST CARTER. PLEURE, GERONIMO. Watch for me on the Mountain. Editions du Rocher. Collection ''Nuage rouge''. 1991. 331 pages. 23x 14. Broché. Traduit par Jean Guiloineau. Avant-Propos d'Olivier Delavault. Epilogue. 140 F .

Un des premiers grands romans pour la collection ''Nuage rouge''. Une indispensable et salutaire réédition. Avec ''La Flèche brisée'' d'Elliott Arnold, ''Pleure, Géronimo'' est l'un des livres le plus important - en matière de roman - sur les Apaches. Texte lyrique, indispensable pour qui veut connaître en profondeur le monde apache, l'âme chiricahua. A la fois roman historique narré tour à tour par l'auteur, d'origine cherokee, et Géronimo lui-même comme intervenant textualisé. Sur un strict plan philosophique c'est une réussite exceptionnelle qui atteint, dans une simplicité et une clairvoyance extrêmes et rares, les sommets de la spiritualité apache. Du point de vue historique, c'est un peu les non dits de la Flèche brisée qui forme l'écriture originale faisant de ce texte un livre plus universel que le « côté officiel cochisien d'Arnold ».

- HARRY JAMES PLUMLEE. L'OMBRE DU LOUP. UNE ODYSSEE APACHE. Shadow of the Wolf. An Apache Tale. Editions du Rocher. Collection « Nuage rouge ». 1999. 22x14. Broché. Traduit par Aline Weill. 125 F .

Plus qu'un roman, c'est à une oeuvre littéraire méditative et exaltée à laquelle nous avons affaire. Ensevelie par une nature puissante et protectrice - on retrouve les grands accents de « Pleure, Géronimo », elle prend sa source dans l'Histoire et le personnage que fut Nakaïdokloni, Apache cibecue et prophète de sont état, inspiré par un Loup blanc et qui mena les siens au désastre en 1881 à Cibique Cree. Nakaïdoklini est un peu ce que neuf ans plus tard, fut le Paiute Vovoka qui mena au désastre en incitant les Indiens des Plaines à danser jusqu'à l'épuisement en pleine hystérie collective. Ces évènements stupides menèrent à l'assassinat de Sitting Bull et au massacre de Wounded Knee en 1890. Pour ce qui est des Apaches white mountains et cibicues, en suivant Nakaïdoklini, ils furent massacrés en partie par l'armée avec qui ils étaient en paix. En effet, celle-ci et les colons, voyant une nouvelle guerre apache gronder, leurs fidèles éclaireurs apaches échapper à leur contrôle, employa la manière forte. Un comble pour ces Indiens serviteurs de l'uniforme US et pleins d'entrain à la traque de leurs dangereux frères chiricahuas qui ne trouvaient pas mieux d'aller se promoner dans leurs montagnes natales avec Géronimo.

- LOUIS L'AMOUR. HONDO L'HOMME DU DESERT.Hondo. Editions du Rocher. Collection "Nuage rouge". 1993. 234 pages. 23x14. Broché. Traduit par Joseph Majault. Préface d'Eric Leguèbe. Annexe filmographique établie par Eric Leguèbe. 120 F .

Préfacé par un grand spécialiste du Western en Europe, avec en annexe la liste de tous les ouvrages de l'auteur et une filmographie complète des films, téléfilms et séries, ce roman, qui véhicule toutes les valeurs morales traditionnelles du genre, met en scène le chef apache Victorio et des personnages attachants qui restent à sa merci. Roman en pays apache vers les années 1878 lors des grandes guerres du chef mimbreno Victorio (Beduiat). Un grand auteur de l'Ouest met ici en scène des personnages clés de l'Histoire en tant que personnage ayant potentiellement existé tant l'imaginaire de l'auteur rejoint la réalité. Au tout début de sa carrière ce texte avait pour titre The Gift of Cochise (le cadeau de Cochise) ; avec le temps, l'intrigue a quitté le prestigieux chiricahua pour trouver Victorio, le successeur énigmatique du leader mimbreno Mangus Colorado. John Farrow, en 1952, en tira un western (en relief) mythique dans l'histoire du genre, avec John Wayne et Géraldine Page.


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© Olivier Delavault - Mars 2000.