Collection
"NUAGE ROUGE"
Fondée en 1991 par Olivier Delavault
www.nuagerouge.com

MICHAEL DOANE

BALLE AU CŒUR

Bullet Heart

Traduit de l'anglais (Etas-Unis) par Béatrice Vierne.


 

Dans la région des Grandes Plaines, la guerre a enfin éclaté : les Indiens se battent contre les Blancs, résistent aux insultes et à l'internement, et vont même jusqu'à verser le sang parmi leurs propres factions rivales.


Ceci se passe non pas au XIXè siècle, mais en 1972, lorsque les travaux entrepris pour la construction d'un parcours de golf entraînent la découverte d'un cimetière oublié, datant de la conquête de l'Ouest. Les dépouilles des colons blancs sont remises en terre avec révérence, tandis que les ossements d'une jeune fille Sioux sont expédiés dans un musée du Dakota du Sud à titre de « curiosités », provoquant une explosion de colère dans la réserve indienne toute proche et marquant le début de ce qu'on appellera la Guerre des Ossements.

le souvenir du siège de Wounded Knee éveille des échos dans tous les coeurs, les guerriers et les traîtres des deux camps sillonnent les vastes étendues de la Prairie à bord de camionnettes pick up hérissées de fusils ; les agent du FBI et les pouvoirs publics contemplent d'un regard torve ou horrifié non seulement le spectre de cet affrontement, mais aussi l'AIM, l'American Indian Movment, qui vient récemment de s'armer.

« Balle au coeur » retrace la vie et les rêves de ceux qui vont vivre ou mourir pendant les vingt années où la bataille fait rage, soit à Wilma (chez les Blancs), soit à Choteau (chez les Indiens) : il y a ceux qui quittent la réserve, mais sans pouvoir lui échapper ; il y a ceux que leurs désaccords politiques ou leurs différences d'âge séparent plus sûrement que leur ennemi commun ; il y a aussi un Blanc qui manifeste un mystérieux besoin d'être Indien ; et un fils de famille désireux de sacrifier toute sa fortune afin de réparer des torts passés (et profondément personnels). Et pour finir, il y a un enfant touché par un projectile et façonné par le difficile amour de ses parents.

« Balle au coeur », histoire torturée de l'Ouest américain, portrait frappant et complet aussi bien de la vie sur une réserve que des récents et sanglants conflits auxquels ont été mêlés les Indiens, est une authentique saga peuplée d'êtres qui se sont trouvés happés par cette dynamique cauchemardesque de la destinée, de la conquête et de la propriété. Touchant et douloureux, à la fois profondément américain et simplement humain, ce roman réinvente un affrontement classique et complexe : la lutte pour la terre et, bien sûr, pour un mode de vie.

Mai 1999, au Festival de Saint-Malo, Michael Doane, avec ironie et un certain recul, eut l'occasion de s'exprimer à propos de son roman et de sa génétique littéraire. Très écouté et applaudi aux côtés de, Jim Harrison, James Welch, J.M.G. Le Clézio et de Aaron Carr, Doane, provocateur comme à l'ordinaire détonna en expliquant le contexte de la création de l'ouvrage. Vivant à l'époque dans le Dakota du Sud près des grandes réserves sioux de Pine Ridge et de Rosebud, il fréquente beaucoup les Indiens et devient très ami avec nombre d'entre eux. Les personnages du roman présentés en « structure tableau » ont existé mais à leur demande, les noms ont changé. Il faut dire que l'action se passe lors des années mouvementées 1971-1975, qui ont vu les évènements tragiques de l'occupation de Wounded Knee, la mort, l'assassinat de plusieurs Sioux par le FBI et enfin l'arrestation de Léonard Peltier toujours en prison. Profondément humain jusqu'à toute les humeurs et comportement, le roman est forgé sur la vie de tous les jours celle qui ne pardonne pas, celle où les Indiens se neutralisent entre eux pour des histoires de femmes, de politique, d'alcool, de bagnoles alors que l'Amérique blanche, elle, est toujours là, prête à frapper au moindre signe de faiblesse, à la moindre déviance. Doane ici décrit l'humanité, la spontanéité indienne mais dénonce fortement l'incohérence et les graves défauts de ces peuples qui toujours tendent le bâton pour se faire battre. Iconoclaste à la manière d'un Adrian C. Louis ou d'un Thomas Berger, Balle au coeur, livre furieux, donne un grand coup de balai à tout ce qui s'écrit sur les Indiens et ce qu'ils ont écrit eux-mêmes ; un coup salutaire qui dépoussière les idées confortables installées dans un endormissement incroyable qui perdure depuis bientôt 40 ans. Doane est un véritable écrivain, il écrit partout car c'est un homme d'affaire toujours entre deux avions, entre deux contrats. On peut écrire sur les Indiens sans être indien soi-même - contrairement à ce que débitent les dangereux militants sectaires qui font dans « la minorité opprimée en lutte… ! - Ainsi des clairvoyants comme Scott Momaday donne plus leur absolution pour un « Blanc » de Doane qu'à certains indiens à qui on permet de pondre des âneries sous prétexte qu'ils sont Indiens. est un vrai écrivain ; on dirait qu'il écrit debout, comme Brel, agité et comme lui, fêtard. Il a d'ailleurs suffit pour le savoir, de le voir avec Harrison à Saint-Malo. De (eux) grandes individualités en représentations. Talentueux, aimable, gentil, intelligent, très cultivé, artiste, Doane porte ses livres dans son coeur parce que c'est un nomade qui, sur notre monde moderne porte un regard à la fois dur et attendri. Lui comme son livre n'attende rien de notre humanité mais tout des hommes. Le pire et le meilleur.

CRITIQUES :

« Depuis son premier roman, « The Legends of Jesse Dark », Michael Doane s'est imposé comme un excellent écrivain, sûr de lui et débordant d'idées. Chacun de ses ouvrages qui ont suivi a été meilleur que le précédent, et avec « Balle au coeur », il franchit encore un nouveau seuil. Son heure est venue ».

Pete Dexter.

« La lecture de ce livre vous met en état de grâce. D'un bout à l'autre, « Balle au coeur » dégage une lumière superbe et vacillante, qui devient parfois éclatante. L'histoire est racontée sur un rythme aussi généreux, paisible et passionné que celui du soleil : mais on y trouve aussi la lune et les étoiles ».

Rick Bass.

« Balle au coeur « est un coup de maître visant à éclairer l'histoire de notre injustice à l'égard des Indiens, laquelle dure encore. En sa qualité de Blanc ayant décidé de décrire une culture indigène, Michael Doane prend un risque colossal (mais il est idiot de dire qu'il n'en est pas capable, c'est comme si on disait que Flaubert n'était pas capable de décrire la vie de Madame Bovary). Sa réussite est, à mon avis, retentissante ».

Bill Kittredge.

« Balle au coeur » est une oeuvre littéraire dont les rebondissements hanteront le lecteur. Michael Doane a réussi le vieux tour de magie qui consiste à déterrer la vérité au fond d'une oeuvre de fiction. Nombre des évènements du livre ont déjà été traités dans des ouvrages relevant du vécu ou du témoignage, mais jusqu'à présent, ils étaient restés inaccessibles et froids, sans rapport avec ce que peut connaître la plupart d'entre nous. « Balle au coeur » a changé tout cela. C'est un livre fascinant, honnête, poignant qui vous enchantera de la première à la dernière lignes.

Dan O'Brien.

« Cela faisait bien longtemps qu'un roman ne m'avait pas captivé aussi totalement qu'a pu le faire « Balle au coeur ». Michael Doane parvient à observer la vie dans une réserve indienne avec un oeil acéré et clairvoyant, un coeur chaleureux et confiant ; il retrace les temps troublés du début des années 1979, nous proposant une version des évènements sonne beaucoup plus vrai que celles de l'AIM et du FBI. Mais le plus beau, c'est qu'au milieu du désespoir qu'engendre la vie sur la réserve, Mr. Doane parvient à trouver de l'espoir. J'ai adoré cet ouvrage. C'est le meilleur livre que j'ai lu depuis des années.

James Crumley


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© Olivier Delavault - Mars 2000.